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SUR LA ROUTE DU PAYS DE L’OR


Le Rapide de l’Esturgeon grondait.

La rumeur assourdissante, à la fois colère et douce, pleine, riche de tous les tons, effaçait tous les autres bruits. Les cascades moussaient, grognaient, bouillonnaient et filaient, avec un ensemble vertigineux, une trépidante émulation, entre deux remparts rocheux bordés de voûtes d’épinettes et de pins. De grosses pierres, arrêtant soudain le cours de l’eau, avaient autour d’elles des bourrelets d’écume, sorte de cravates terminées en nœud de gaze blanche. Parfois, c’étaient des cascades plus fortes, souvent invisibles, et qui faisaient un gros bruit colère. Et, dans l’obscurité, cela devenait effrayant. La forêt avec son lourd silence et son ombre mystérieuse nous attriste ; et l’eau, l’eau grondante surtout produit le même effet. Les grands arbres gémissants, sanglotants de leurs branches