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pectueusement, se taisent. Et l’on n’entend plus que le glissement de l’eau en bas de la colline, le bruissement des aiguilles des résineux et quelques petites notes perlées d’oiseaux qui ne dorment pas encore…

Comment à cette heure exquise aller s’enfermer sous la tente obscure et pleine encore de la chaleur du jour ?

D’ailleurs, ce soir, le « savant » de l’équipe est en train. Ni les trémolos des petits chanteurs aériens de la lisière, ni les glouglous susurants de la rivière, ni le friselis des aiguilles des sapins et des épinettes ne pouvaient étouffer le ronron de l’écheveau qu’il avait décidé de dévider des souvenirs de ses études minéralogiques…

Et sa voix grave, de nouveau, s’éleva dans le silence nocturne :

« L’asbeste », mes amis ; « l’amiante, c’est le million », a dit A.-N. Montpetit ; c’est le million, et il y en a dans nos Cantons de l’Est des réserves emmagasinées pour des siècles. On a fait, lors de sa découverte chez nous, des rêves de fortune dont plusieurs se sont déjà réalisés ; et combien de gens ont ressenti les frissons de la fièvre que provoque une découverte en prenant le chemin du Québec Central pour aller voir, à Thetford, ou aux environs !… Car, dès lors, le million était en route pour le Canada, grâce à un petit chemin de fer que l’on était à construire