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portaient « à brassées » leurs « papooses». Poissons, pois, gros mil pleuvaient dans les barques des Français comme si tous ces vivres tombaient du ciel. On dansa une grande partie de la nuit autour des feux de bivouac.

Le matin, les visiteurs, escortés par les indigènes, se rendirent, par un chemin ombragé de grands chênes qui laissaient tomber une pluie de glands, à la bourgade qui était au pied de la Montagne et où se continuèrent les fêtes. Une apothéose ! Les indiens portaient les Français sur leur dos. Hommes, femmes et enfants étaient sortis de la ville à la rencontre des blancs que d’autres contemplaient du haut de la courtine qui courait le long des remparts de la bourgade. Une porte s’ouvrait dans ces derniers au double plan incliné. Une rue menait à la grande place sur laquelle donnait la cabane de l’Agouhanna[1].

Pendant plusieurs heures, ce furent de chaleureuses effusions, des cris, des danses effrénées ; et tous, à la fin, se réunirent dans une grande sagamité. On sortit de vastes vases de pierre où étaient empilés des poissons, des fèves, des concombres, des fruits. Et il y avait des tourteaux cuits sur des pierres brûlantes. Les femmes avaient fait cuire sous la cendre de gros « carraconnys », sortes de pains faits avec

  1. « Jacques Cartier », par Chs. de La Roncière.