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se laissa aller tout entier à l’affection de sa nouvelle vie. Il lui sembla même qu’une série de mauvais jours finissait pour lui. L’avenir lui souriait ; … bientôt la gloire et la fortune, sans doute allaient le prendre par la main et le conduire doucement dans de petits sentiers ombreux, pleins de voix mystérieuses qui lui chanteraient à l’oreille les chansons les plus enivrantes sur un rythme fort mouvementé…

Aujourd’hui, il s’en allait avec cette curiosité naïve des enfants pour l’inconnu et aussi avec un autre sentiment qu’il ne s’expliquait pas très nettement encore, un besoin de changement inhérent à tous les êtres qui se transforment. Il lui semblait qu’il avait vécu jusqu’alors au fond d’une affreuse chrysalide et aujourd’hui, seulement, il naissait à la liberté.

Il lui tardait d’essayer ses ailes…

En quittant la maison, comme il l’avait fait, c’était la première fois qu’il accomplissait un acte personnel, et, après avoir passé toute son existence à obéir aux volontés de ses parents, à suivre docilement la vie banale où le poussaient les circonstances, il était heureux de se livrer à un entrainement de son imagination, à un caprice de son cœur, à une fantaisie de son esprit, si l’on veut, mais à quelque chose, enfin, qui lui appartenait en propre, que personne ne lui avait soufflé…