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chose pour justifier ce vers de Musset :

L’homme est un apprenti, la douleur est son maître.

On ne pourra jamais savoir lequel est le plus grand du plaisir de se retrouver après une longue absence ou du chagrin de se quitter après avoir vécu de la même vie durant de longues années…

Se quitter !… c’est le mot qui remplit toute la vie, et pourtant on a bien de la peine à s’y habituer. Plus on se quitte et plus il est douloureux de le faire… C’est une des dures lois de la nature. Tout doit se dire adieu dans la nature, tout meurt, tout disparaît, tout s’en va.

Ce que nous aimons le plus, ce que nous admirons davantage finit toujours par nous dire un éternel adieu. Il n’est pas jusqu’au plus petit être de la création, jusqu’à l’insecte, jusqu’à la plus humble fleur, se revêtant avant de nous quitter, à l’automne, des teintes les plus variées, afin de se mieux faire regretter, qui ne soient soumis à cette loi commune d’une séparation plus ou moins prolongée, quand elle n’est pas éternelle…

Paul Pelletier allait voir se lever sur sa tête une de ces fatales journées ; dans quelques heures, il va lui falloir quitter, peut-être pour toujours, des êtres chéris au milieu desquels il a vécu longtemps.