Page:Potvin - Restons chez nous!, 1908.djvu/83

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 83 —

les voisins, pour fumer et causer ; on va veiller les uns chez les autres durant tout l’hiver.

C’est une institution bénie qui nous vient de nos grands’-pères normands et bretons…

Ces veillées sont la forme la plus naturelle du sentiment social dont la vie paysanne offre tant d’exemples… Quoi de plus naturel, en effet, à ce que des hommes d’un même village, d’une même concession, après avoir uni tout le jour leurs efforts pour travailler la terre, cherchent à se récréer, le soir, et déposent pendant quelques instants le fardeau de leurs fatigues. Ces paisibles réunions sont, à la vérité, un spectacle plein de bonhomie et d’humeur qui est loin d’être à dédaigner.

Cette coutume tend à disparaître, hélas ! comme bien d’autres. Les chemins de fer, les routes carrossables, qui sillonnent toutes nos campagnes et permettent aux paysans de se déplacer plus facilement, sont la mort de tous les vestiges du passé. À quoi bon se réunir chez le voisin, que l’on voit si souvent, quand il est si aisé de fréquenter des étrangers, des amis éloignés qui ont le prestige d’avoir des choses nouvelles à nous apprendre…

Les jeunes gens surtout ne prennent plus plaisir à ces réunions où l’on parle sérieusement. Autrefois, il se formait de gracieuses idylles dans ces veillées familiales ; des jeunes gens et des jeunes filles apprenaient à se