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À ces interpellations joyeuses, Paul, réveillé de ses rêves, se mit à rougir comme une jeune fille. Il venait de faire la rencontre qu’il redoutait entre toutes ; celle de son curé.

C’était en effet, le digne curé de Bagotville, l’abbé Perron, qui venait d’interpeller Paul. Profitant de ce dernier beau jour, il allait, à pied, visiter quelques malades dans le haut de la paroisse…

Dans les paroisses canadiennes, le curé, c’est le père de tous les habitants… C’est lui, d’abord, qui l’a fondée cette belle institution de la paroisse canadienne-française, qui devait être la raison de notre survivance et de notre multiplication, la condition de notre grandeur future, la cellule-mère où se formera une race d’un immense avenir. Ah ! nous devons gros à notre clergé canadien ; à tous ces prêtres et religieux, obscurs héros de la foi et de la civilisation…

La pauvre petite colonie canadienne prospère et grandit, malgré les obstacles, sur les bords du Saint-Laurent, et, tandis que chaque âme canadienne ouvre dans sa solitude un inviolable sanctuaire à la nouvelle patrie ; tandis que les premiers hommes politiques de la jeune nation s’appliquent à défendre le pays et à développer ses forces ; tandis que le peuple, ce fonds inépuisable de l’humanité, s’en va, croissant de jour en jour, se sacrifiant obscu-