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d’or, au-dessus de l’onde, se balance sans souci de la tempête, Jeanne, avec son bon sens et son âme forte, bien haut planait au-dessus de ces intelligences étroites de jeunes filles qui ont pour aliment une coquetterie pleine d’astuce et pour rosée des pleurs amers lorsque la vanité n’est pas suffisamment repue, ou l’orgueil satisfait.

Oh ! oui, elle, Jeanne, ferait une femme qui saurait égayer un foyer, dissiper le nuage qui se dessine à l’horizon, mettre un peu de joie sur un front sérieux, l’espoir dans un cœur brisé par les luttes de la vie… elle saurait pleurer avec l’âme, sœur de la sienne, sourire à son bonheur, applaudir à ses succès, l’encourager dans ses échecs et dans ses déboires… Avec elle, le mari n’aurait plus songé qu’à son « home », délicieux. Que lui seraient, en effet, les clubs, les tavernes et les bouges, qui tuent si sûrement et si rapidement, chez l’homme qui s’y livre, l’amour du foyer, quand il saurait qu’il a près de lui l’une de ces femmes précieuses dont l’esprit et le cœur dévoué en font à la fois la compagne de ses travaux et la confidente de ses pensées…

Quand on voit aujourd’hui la jeune fille si mal comprendre la beauté d’une vie intérieure, calme et tranquille, qu’elle n’entrevoit qu’à travers le prisme de la légèreté et d’une efflorescence ardente, on peut bien dire que Jeanne