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plus invraisemblables qui se dévidaient selon la logique folle du rêve ou du cauchemar…

Mais vers le soir, peu à peu, l’élan qui étreignait ses tempes se desserra ; des notions lucides traversèrent d’éclairs ses notions hallucinées. Aidé d’une sœur, il eut même la force de lever la tête et de regarder par la fenêtre… Tout baignait dans la clarté du soir, dans l’or pâle d’un beau soleil couchant ; mais ce paysage lui apparut étrange, lointain et blafard, comme s’il le revoyait en une autre existence… après des milliers d’années. En ce moment, il y avait des voix tristes qui partaient de la chapelle où l’on chantait le Salut du Saint-Sacrement et ces chants voilés par la distance lui causaient une sorte d’agonie inexpliquée faite de nostalgie, de solitude et presque de désespérance… Oh ! en ce moment, une caresse de sa mère, sa mère, là, penchée sur lui et caressant son front brûlant dans ses vieilles mains tremblantes… Oh ! se réfugier dans cette tendresse maternelle et exhaler son dernier soupir entre ces bras qui le berceraient avec tant d’amour et de douleur… C’était donc la fin de toute chose ! Mourir loin du pays, seul, tout seul, sans une main amie pour fermer ses pauvres yeux, sans une épaule pour appuyer sa tête expirante !…

Une dernière fois, les souvenirs si doux de chez nous revinrent trotter dans son cerveau