bien voulu voir réaliser. Malgré le bonheur qu’il pouvait goûter sur sa terre toute faite, il rêvait d’ouvrir là-bas, dans la forêt, une autre terre qui serait le commencement d’un village, d’une paroisse et parfois dans son beau rêve, où son fils et lui jouaient de la cognée à qui mieux mieux, il voyait les feuillages tomber avec des branches sèches, les futaies se briser, et la forêt, refuge séculaire de myriades d’oiseaux et de bêtes sauvages, reculer, reculer comme par enchantement, devant sa persévérance de défricheur obstiné qui s’entête… Il se voit seul au milieu d’arbres géants, possesseurs antiques du sol, masse à la fois passive et vivante qui l’écrase et semble le défier… Il commence l’énorme besogne et bientôt une échancrure se fait dans la masse feuillue, la lisière recule et il a gagné la bataille…
Le rêve de Jacques Pelletier menaçait de n’être toujours qu’un rêve, quand l’incendie, qui venait de le mettre quasi sur le chemin, lui et les siens, se chargea de le réaliser.
Et voilà pourquoi il ne désespéra pas, soutenu par les joyeuses éventualités qu’éveillaient en lui ses futurs projets…
Pelletier passa néanmoins l’hiver encore dans sa vieille paroisse, chez un voisin qui lui avait loué une rallonge de sa maison… Et un beau matin du printemps suivant, après