XXX
LUSIEURS mois se passèrent, tout l’hiver
encore, puis, le printemps reparut.
La fortune ne vint pas pour Paul : ni la fortune,
ni la chance ; pas même cette aisance qui
fait que l’on peut vivre, sûr au moins, du jour
du lendemain… le lendemain, au contraire,
s’annonçait toujours pour lui sombre et de plus
en plus menaçant. Les quelques sous qu’il gagne
aujourd’hui, par ci par là, suffisent pour
aujourd’hui seulement ; mais demain !…
Demain, aura-t-il un morceau de pain à se mettre
sous la dent, comment le gagnera-t-il, au
moins, à quel métier va-t-il s’exercer pour en
acheter un ? De quoi demain sera-t-il
fait ? Cruelle incertitude !…
Et, avec cela, le mal de l’exil, les sensations amères et les souvenirs qu’il fait naître dans son cœur gonflé… Le mal de n’avoir aucun