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XXVII



UN matin Jacques Pelletier, à qui c’était le tour d’aller mener les bidons de lait à la fromagerie du village, remonta avec une lettre qu’on lui avait remise au bureau de poste et qu’il savait, par l’écriture, venir de Paul.

C’était un de ces matins de fin de mai où, de très bonne heure, dans les campagnes, le train des semailles bat déjà son plein.

À cette saison de l’année, dès cinq heures, en effet, les petits chevaux canadiens et de grands bœufs, attelés à la charrue, tournent la glèbe avec une sorte de lenteur active, à croire qu’ils ne s’arrêteront jamais, pendant que l’on entend les chants des oiseaux, les cris des hommes des champs et les mugissements des troupeaux de vaches et de génisses qui paissent éparpillées aux environs, dans les prés de chaume non encore labourés ou sur la lisière