XXIV
USQU’À vingt ans, dans son pays, Paul
avait été à l’abri des contagions malsaines,
des dépravations précoces des étiolés des
villes, mais il y avait plus d’un an et demi que
Paul était aux États-Unis — et, depuis qu’il était
là, une grande transformation s’était faite
en lui. Il avait passé par plusieurs phases
morales. Les milieux, le climat, l’ennui, la
solitude avaient exercé peu à peu sur sa tête
jeune, leur influence ; lentement il s’était senti
glisser sur des pentes inconnues et dangereuses…
Jusqu’à vingt ans, dans son village, il avait peut-être été indompté ; souvent même, il n’en avait fait qu’à sa tête, mais il avait alors un cœur bon et, quand on savait lui parler doucement, on le menait comme un enfant docile… Il avait même le cœur très gros quand sa mère