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le grand air pur des bords du fleuve canadien et des montagnes du Saguenay, il avait poussé comme un jeune chêne… Les premières images, d’abord, gravées dans sa tête d’enfant, étaient saines : son père et sa mère, deux figures chéries ; puis, plus tard, celle de Jeanne, la promise : enfin, le foyer, celui de la Malbaie et, ensuite, la petite ferme de là-bas, au Saguenay…

Dans son souvenir, tout cela était inscrit ineffaçablement à une place sacrée et profonde. Ensuite, il y avait de grands bois, des courses à l’aventure, sur des routes à peine tracées, des travaux sous un soleil de feu, dans les champs, ou, à l’ombre, dans la forêt pleine de chansons. Pendant toutes ces années, en dehors des deux villages où il avait vécu, il ne connaissait presque rien du reste du monde ; pour lui, il n’y avait alentour du village, que la campagne cultivée ou sauvage, des forêts et des montagnes…

Dans ces montagnes et dans ces forêts où il était allé vagabonder des jours entiers, au temps de son enfance, il avait eu, il s’en souvient, des rêveries de petit solitaire, des contemplations du petit ermite ; mais cela ne durait guère. Tout-à-coup, il lui venait des envies de courir, de grimper au sommet des arbres et d’attraper des oiseaux…

Enfin, les années plus sérieuses étaient ve-