que la nature, la grande et poétique nature champêtre, se montre dans sa riche toilette du matin, s’en va, droit devant lui, en foulant l’herbe fraîche des champs, vers le lieu du labeur ; ou bien qui, le soir, quand la même nature, si animée le matin, se voile tout à coup d’un agreste mystère, regarde derrière lui le travail accompli, et rentre sous le toit rustique où l’attendent un essaim de petits enfants aux joues vermeilles, aux naïves gaietés, et une femme vive, souriante, à la démarche dégagée, qui lui demande : Es-tu fatigué, mon homme ?…
Héritier de la terre défrichée et colonisée par son vieux père, Jacques Pelletier, depuis qu’il en était le propriétaire, n’avait cessé de l’ensemencer, de la transformer et de l’embellir. Il était devenu bel et bien le roi de son domaine. Grâce à cette énergie et à cette forte dose de sens commun, dont jouissent pour la plupart, les fils de la terre et qui les font si pratiques en toutes choses, il finit par acquérir une honnête aisance, qu’il partagea avec sa femme et les trois enfants que Dieu lui avait donnés… De ces trois enfants, deux, les deux aînés, lui furent enlevés par la mort, dans un âge où ils commençaient à l’aider un peu. Ce fut une de ses plus rudes épreuves, qu’il supporta, du reste, en bon chrétien.