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Jacques Pelletier, lui aussi, avait espoir en l’avenir de son fils.

Quand, chaque dimanche, après la messe, il se rendait au bureau de poste et qu’on lui remettait une lettre qu’il savait venir de son fils, son cœur de père battait d’espérance. À la maison, on allait chercher Jeanne, qui lisait la lettre de l’absent. Mais toujours rien de nouveau, dans ces chères lettres, tant attendues ; chômage, inaction, ennui, travail sans rémunération ; mais toujours, à la fin, un mot d’espérance en l’avenir et un autre de remords et de regret peut-être que le pauvre enfant voulait bien retenir mais qui lui échappait malgré lui. On le sentait bien à la ferme, ces lettres suintaient la douleur goutte à goutte ; il y avait une larme dans chaque mot, et l’on en souffrait davantage. S’ils eussent pu au moins se persuader qu’un jour enfin ce cher enfant serait heureux ; mais l’avenir rembrunissait le présent…

Les soirées d’hiver ont repris leurs cours à la campagne. La fin d’automne, dans les montagnes du Saguenay, c’est bien déjà l’hiver, tant les nuits sont glaciales. Mais tant que n’est pas venu le premier flocon de neige, le décor est toujours agreste quand, le soir, les grandes ombres s’étendent, croissent et descendent des collines en longs sillons qui enveloppent la ferme. À l’intérieur, les brin-