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longtemps peut-être, qui, heureusement ne s’est pas réalisé pour tous… Vivre aux États-Unis ! que ce doit être bon !… Oui, que ce doit être bon de peiner des jours entiers dans une manufacture enfumée et empestée plutôt que d’être maître dans un champ embaumé par la grande nature du bon Dieu ; que ce doit être bon de sentir quelques pièces blanches dans son gousset et n’avoir pas le temps ou la liberté de les dépenser avec profit et plaisir, plutôt que de jouir de la vraie liberté des fils de la terre et n’avoir dans sa bourse que juste ce qu’il faut pour ne pas nous donner la fièvre de plaisirs insaisissables ; que ce doit être bon d’être l’esclave soumis d’un maître sans cœur plutôt qu’honorable cultivateur dans une de nos belles paroisses… Que ce doit être bon, pour un père de famille d’amasser des sommes pour l’instruction de son fils afin d’en faire le serviteur d’un homme quelconque ou un rond-de-cuir ennuyé dans quelque bureau plutôt qu’un habitant aisé et libre ; que ce doit être bon, enfin, pour une mère de famille, au lieu d’enseigner à sa fille les travaux du ménage, de l’envoyer chaque matin, pâlir sur le métier, ou bien, à force de luxe et de gâteries, dus au mauvais exemple ambiant, d’en faire une pimbêche ridicule — quand elle ne fera pas autre chose…

Vivre aux États-Unis !… Ce n’est pas toujours un rêve ; mais le résultat souvent d’un be-