Page:Potvin - Restons chez nous!, 1908.djvu/116

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 116 —

qui, voyant les difficultés que les familles éprouvaient au Canada pour leur expansion, réalisaient leur avoir, se transportaient de nouveau aux États-Unis avec leurs capitaux, y achetaient des terres et s’y installaient. Double perte d’hommes et d’argent pour leur patrie. Aujourd’hui combien d’émigrants canadiens retrouvent, en arrivant dans certains états, des arrière-cousins, dont les grand’pères, frères de leurs aïeux, avaient quitté, en 1850, et même bien avant, le Canada et cette même maison, berceau de la famille commune, qu’ils venaient d’abandonner à leur tour…

De ces émigrations, les unes, celles qui se faisaient surtout dans les régions limitrophes, s’effectuaient souvent par départs isolés ou par petits groupes de jeunes gens. Celles-là étaient exposées à de fortes déperditions et à de grandes chances d’absorption, pour ceux qui se fixaient dans un pays nouveau. Cependant, la tendance naturelle à se grouper par affinité d’origine et le courant toujours renouvelé d’émigrants qui venaient accroître leur nombre chaque année finirent par former quelques centres canadiens, qui, grâce à la proximité du pays, à la facilité et à la fréquence des communications, conservaient les mœurs, la langue et l’esprit national. Pour garder à leur patrie et à leur race ces hommes dispersés, la difficulté était toute entière dans la première