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Puyjalon

Henry de Puyjalon recommandait de protéger le canard eider non pas tant pour ses œufs, qui sont excellents, particulièrement en omelette au lard, mais surtout pour son duvet si compressible, si léger, si doux, qui se recueille dans les nids. La récolte de l’édredon des eiders, voilà une industrie dont Henry de Puyjalon fut l’instigateur, comme il a été celui de l’industrie de l’élevage du renard.

Cette industrie de la cueillette du duvet de la moniac est née, pourrions-nous dire, voilà tout au plus quatre ans, et dès les premières expériences, on a compris que celui qui la recommandait il y a quarante ans avait raison d’insister pour l’implanter dans notre province. Dans les pays du nord de l’Europe, elle rapporte des revenus considérables. Lors de la première cueillette de duvet sur la Côte Nord, on a recueilli quatre livres de duvet et, l’année suivante, en 1936, quatre-vingt-dix livres. Alors l’édredon valait 4,50 $ la livre. L’industrie déjà pouvait donc promettre beaucoup, du moment que les canards fussent assez nombreux. C’est pourquoi M. de Puyjalon a tant recommandé de prendre des mesures pour conserver l’espèce, même en augmenter le nombre.

« Laisser détruire l’eider », écrivait-il, dans un de ses rapports de 1900, « sera une faute inqualifiable et une irréparable perte… Nous est-il donc impossible d’imiter dans une certaine mesure et l’Islande et la Norvège ? Il ne peut être question d’élevage, la jeune moniac ne résisterait pas à la première mue lorsqu’elle la subit en captivité. Mais si l’on ne peut avoir recours à l’éclosion artificielle et à la domesticité absolue, on peut en appeler à la demi-domestication ;