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Puyjalon

vernement, et qu’il y aurait lieu de percevoir un certain prix pour le droit d’occupation. Une grande partie des édifices en bois construits par les homardiers sont utilisés par des étrangers à notre province. Dans le nord-est du Golfe, c’est le cas le plus ordinaire. Presque tous ces homardiers sont des Terreneuviens. Quelques-uns paquettent, il est vrai, à bord de leurs goélettes, mais même en cette dernière alternative, n’y a-t-il pas lieu d’aviser ? »

Ce modèle de garde-chasse et de pêche voyait à tout.

M. de Puyjalon a préconisé maints autres remèdes aussi bien pour conjurer le massacre du gibier de mer, du saumon, que pour sauver le homard. Il est mort, peu d’années après sans avoir osé espérer que ses suggestions pourraient être un jour mises en pratique. Il est mort, solitaire, sur son Île-à-la-Chasse, entrevoyant, mélancolique et désolé, fuir de son cher Labrador, le saumon tant aimé de son ami Comeau, le homard, source de si beaux revenus, et les myriades d’oiseaux de mer et de grève dont il estimait avec tant de sagesse la richesse incalculable.

Et pendant ce temps-là, le homard du Labrador, lui aussi, oserions-nous dire, entrait en agonie.

En plusieurs endroits, il est mort tout à fait. Des Sept-Îles à Natashquan, soit une distance d’un peu moins de 200 milles, il ne se prend plus un seul homard. La prise totale de l’année 1937 ne s’est élevée qu’au poids de 36,000 livres dont la valeur n’a pas été probablement supérieure à 900.00 $.

Or, en 1900, d’après un rapport de M. de Puyalon, on a vu que dans seulement onze petites usines de paquetage de homards, de Natashquan à l’Île Saint-