Page:Potvin - Puyjalon, le solitaire de l'Île-à-la-Chasse, 1938.djvu/82

Cette page a été validée par deux contributeurs.
79
Puyjalon

Grand Nord en 1900, qu’il a compté onze établissements où l’on s’occupait de la fabrication des conserves de homard, entre l’Île Saint-Charles et Natashquan, une distance d’à peu près soixante milles. La moyenne de production de chacune de ces petites usines privées devait être de soixante caisses, soit pour l’ensemble, 660 caisses. Chaque caisse a exigé pour être remplie cent-vingt homards. Il a donc été pris 79,200 de ces crustacés sur soixante milles de côte en une seule saison. Et il ne comptait pas les nombreux homards morts, et négligeait les points du rivage où ils n’étaient point capturés.

Devant une telle production, qu’il ne qualifiait toutefois pas encore d’anormale, il réclamait, pour conserver cet animal, une sévère règlementation ; d’autant plus qu’il est peu d’animaux plus susceptibles aux causes de destruction que le homard. On dirait, faisait-il remarquer, que tous les animaux des rivages et les hommes se donnent le mot pour détruire les œufs et les petits qui viennent d’éclore ; au point, affirme-t-il, que parmi les vingt ou vingt-cinq mille nouveaux éclos que la merveilleuse fécondité d’une mère a mis au jour, à peine une centaine atteignent l’état parfait. Et il faut ajouter que le homard ne devient utilisable qu’au bout de cinq à sept années pendant lesquelles il court encore mille dangers.

On conçoit que vu ce délicat état de chose, il faille pour conserver cet animal des règlements de la dernière sévérité. Quels sont les remèdes que préconisait Henry de Puyjalon ? Les voici :