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Puyjalon

l’inopportunité de l’heure choisie pour sa capture qui fait tout le mal. »

Et il ajoutait :

« Dans un pays aussi grand que le nôtre, enrayer le mal complètement est impossible pour le moment, on ne peut que l’atténuer et le seul moyen d’y parvenir est l’emploi de la RÉSERVE, — très usitée en Europe : Écosse, Belgique, Allemagne, France et Suisse, — sorte de foyer de production d’une surveillance facile et peu coûteuse d’où rayonne, chaque année, un surplus qui repeuple les régions fatiguées. »

Le homard pullulait donc, voilà une cinquantaine d’années, sur la Côte Nord du Saint-Laurent. La topographie spéciale de la côte coupée, pénétrée, échancrée par ses anses et ses baies, presque toujours cachée par les îles aux yeux des navigateurs du large, a fait autrefois de cette partie de notre province comme un lieu de rendez-vous pour les oiseaux de mer, les crustacés, les poissons mixtes, les pinnipèdes et les carnassiers terrestres qui en font leur nourriture.

On peut donc croire qu’à la fin du siècle dernier l’industrie des conserves de homard était prospère sur la Côte Nord ; même trop prospère. C’est non seulement ce qui a provoqué la diminution presque voisine de la disparition totale de ce crustacé de nos eaux, mais ce qui a failli chasser du Grand Nord le gibier de mer et de grève qui est composé de tous les oiseaux aquatiques, palmipèdes et échassiers, qui vont nicher, chaque printemps, sur la lisière du lit-