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Puyjalon

quimaux, la Kakapwai, la Cocoachoo. Il a aussi signalé l’existence de la ouananiche que l’on a cru longtemps n’exister qu’au lac Saint-Jean. Il en a trouvé dans deux lacs de la Côte, le grand lac de Washeecootai ainsi que le réservoir de la Cocoachoo, Il s’est intéressé également à la truite de mer en abondance alors dans les rivières du Grand Nord, vers le milieu de juin surtout ; à la truite mouchetée, ou de rivière, dans plusieurs cours d’eau mais en des lieux de son choix ; au brochet qui fréquentait même, assure-t-il, les eaux salées ; aux différentes sortes de poissons de fonds ; l’éperlan dont l’abondance était alors extrême dans presque tous les lacs de la Côte Nord ; à l’anguille qui se présentait aussi bien à la mer que dans les lacs et les rivières, et en « telle quantité que l’imagination a peine à le concevoir » ; au poisson blanc, — corégone, « le meilleur poisson qu’il y eut dans tout l’univers », notait dans son journal l’interprète Jérémie de l’expédition de Pierre LeMoyne d’Iberville à la Baie d’Hudson en 1697…

La morue était alors abondante sur toute la Côte, dans toutes les eaux du « Grand Nord », mais on sait qu’aujourd’hui, la pêche à ce poisson est loin de ce qu’elle était du temps de M. de Puyjalon. Alors un pêcheur pouvait capturer jusqu’à quatre-vingt quintaux de morues dans une saison. Tous en prenaient en quantité. Il est vrai que dans l’intervalle survint le marsouin, devenu un monstre de réprobation, et qui a fort décimé le peuple des morues du fleuve et du golfe Saint-Laurent. On sait qu’on a même mis sa tête à prix. Déchéance complète, quoi ! Et dire que pendant