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Puyjalon

l’on va assister à des sabbats de sorciers présidés par Belzebuth en personne. Il est même curieux de voir là, au milieu des aspects caractéristiques des paysages nordiques, la vie se dérouler sur un rythme tout à fait continental.

De même que les « Empress » et autres Léviathans des mers ont transformé la terreur et les affres d’une traversée de l’océan en un plaisir toujours trop court, ainsi les navires des diverses lignes de navigation du bas du fleuve et du golfe, qui possèdent les mêmes qualités que les palais flottants océaniques, changent en une excursion d’agrément et de repos à l’eau salée, le rude et terrible voyage d’autrefois au Labrador canadien. Leur service a adouci l’âpreté de ce pays de légendes terribles qui, en plein XXème siècle, nous reportaient à celles qui couraient en Europe, au temps de Jacques Cartier, et il a même su faire disparaître, comme sous les coups d’une baguette de fée ou de magicien moderne, par une promenade enchanteresse sur les eaux du « majestueux Saint-Laurent », les risques périlleux d’une aventure au pays de Louis-Olivier Gamache.

La Côte Nord tout de même n’a guère changé d’aspect depuis des siècles. Il est certain que celle du Golfe, à part quelques légères modifications géologiques, ne doit guère différer de l’ancien Vinland des Danois et des Scandinaves qu’ils prétendent avoir découvert vers l’an 1000 A.D. et que leur Hulluland, à la satisfaction d’investigateurs consciencieux, était la côte du Labrador. On a aussi de bonnes raisons de supposer que le lieu d’atterrissage de Sébastien Cabot, le décou-