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Puyjalon

niaque. Au contraire, ce personnage, qu’on ne connaît pas suffisamment, loin de là, parce qu’il a rendu de grands services à notre pays, a exprimé dans sa personne et dans son œuvre, l’attrait de ce dynamisme, de cette volonté de puissance s’épanouissant dans une nature farouchement hostile qui exige des hommes forts et qui a besoin de la paix des solitudes. Après la première moitié d’une vie plutôt agitée, ce descendant de la vieille noblesse française, sentit comme le désir de s’affranchir des contingences présentes, de s’évader vers les choses de la nature, vers l’inconnu : de fuir vers des rives lointaines et attirantes où tout est accueillant ; de partir vers la mer, vers les forêts, les lacs, les hautes cimes : d’aller vivre, enfin, dans l’air pur, d’une vie nouvelle qui sera la sienne, toujours, s’il le veut : d’être, enfin, un autre soi-même… Or, comme en Bretagne, notre Côte Nord du Saint-Laurent, qui est notre Finistère, attire irrésistiblement l’attention par sa beauté particulière, joignant au charme toujours attirant de la mer, l’attrait de sa rude terre de rocailles.

Et le comte Henry de Puyjalon choisit la Côte Nord pour aller y murir sa pensée — et travailler à la réaliser : de faire du coin de cette « terre que Dieu donna à Caïn », pour la province de Québec, son pays d’adoption, un coin de pays de Cocagne en cherchant à y faire fructifier ses richesses par l’étude du sol et par la vérification expérimentale. Car rien n’est plus réel que le sol et en même temps rien n’est plus évocateur du passé et de l’avenir. Le sens géographique, et nous dirions plus étroitement le sens topographique, quels