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Puyjalon

chasse et de pêche. On y cultive un peu la pomme de terre : c’est la seule culture possible, mais à condition que le peu de terre dont on dispose soit engraissée de déchets de poissons.

De la terre ferme, à Mingan, le regard, avant d’embrasser le large, se porte sur tout un archipel où l’on remarque l’Île-aux-Perroquets, l’Île Plate, l’Île Mingan, la Grande Île, l’Île-au-Fantôme, l’Île du Père Joson, l’Île Quarry et nombre d’autres : et, à Betchewan, à l’est de la Pointe-aux-Esquimaux, les îles dont nous avons parlé ailleurs, dont l’Île-à-la-Chasse, — que l’on voudrait bien en certains milieux et chez plusieurs cartographes, appeler « Hunting Island ».

L’Île-à-la-Chasse n’a jamais été habitée. Ou plutôt, oui, elle le fut pendant plusieurs années, mais par un seul homme : celui que nous avons vu tout à l’heure sur les grèves de la Pointe-aux-Esquimaux, causant avec Placide Vigneau : le comte Henry de Puyjalon.

C’est là, en effet, sur la rive sud de l’île, face à la mer, que cet homme étrange, cette haute intelligence, d’une culture bien au-dessus de l’ordinaire, a vécu la dernière partie de sa vie : c’est là qu’il est mort et qu’il dort de l’éternel sommeil.

Et puisque nous voilà sur cette Île-à-la-Chasse qui fut le dernier endroit où vécut Henry de Puyjalon, nous croyons tracer toute l’histoire de cette île en essayant d’esquisser celle de son unique habitant pendant quinze ans. L’île n’a pas d’autre histoire que celle-là. Mais n’allons pas croire, tout d’abord, que ces années de solitude puissent conférer à celui qui les a vécues, le titre peu reluisant d’aventurier ou de ma-