Page:Potvin - Puyjalon, le solitaire de l'Île-à-la-Chasse, 1938.djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.
28
Puyjalon

vous approuve. Le calme, la paix, le silence, la solitude et… les souvenirs…

— Mais, M. Puyjalon, c’est fou de partir comme ça à soir. C’est dix-huit milles, vous savez, que vous avez à faire…

— Oui, mais sentez-vous cette bonne brise ? Avant la nuit noire, M. Vigneau, je serai à l’Île-à-la-Chasse. Allons, au revoir, M. Vigneau, salutations à toute la famille…

Et la svelte chaloupe du comte Henry de Puyjalon, toute sa toile au vent, s’éloigna du rivage avec la rapidité d’un oiseau, filant en droiture du côté de Betchewan, vers l’Île-à-la-Chasse.

Et, regardant la petite voile blanche se perdre dans le flou de l’horizon, Placide Vigneau murmura :

« En voilà un qui aura fait beaucoup pour notre pauvre Côte Nord, parce qu’il l’aura beaucoup aimée… »

Du petit archipel qui s’aperçoit du coin de terre ferme rattaché à la seigneurie de Mingan et qu’on appelle du nom montagnais de Betchewan, l’Île-à-la-Chasse est la principale île, du moins la plus étendue. Elle mesure un mille et demi de longueur par à peu près trois quarts de mille de largeur. Elle s’étend à un mille de la terre ferme. Elle est couverte de résineux : épinettes et sapins. Plus à l’ouest, on voit l’Île-aux-Perroquets, — de Betchewan, car il y a une autre île du même nom dans l’archipel de Mingan, — l’Île Saint-Charles et quelques îlots rocailleux. Du côté sud de l’Île-à-la-Chasse, se trouve un havre où hivernaient une partie des goélettes des pêcheurs de