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Puyjalon

radis des pêcheurs et des chasseurs. Voilà un paradis que nous aurons bientôt perdu, M. Vigneau. Vrai, la situation n’est pas rose. Savez-vous, M. Vigneau, ce qu’il faudrait, à l’heure qu’il est, et que j’ai recommandé, après un examen sérieux de la situation ?…

— Ah ! ce qu’il faudrait, tant et tant de choses !…

— …qui se résumeraient dans ces quelques initiatives, M. Vigneau :

Modifier peu à peu les lois au profit de la chasse et de la pêche industrielles : encourager les chasseurs et les pêcheurs de profession, les pêcheurs par la construction d’entrepôts et autres moyens que je n’ai pas le temps de vous énumérer et, pour sauver le marché de la fourrure, créer un établissement modèle d’élevage d’animaux à fourrure : pour tous, ouvrir des marchés nouveaux. Voyez-vous, M. Vigneau, quand à cause de la rareté du gros et du petit gibier, les fourrures auront atteint des prix inaccessibles aux bourses ordinaires, il faudra bien qu’on en vienne à réaliser cette idée d’élever des bêtes à pelleterie : le renard, le vison, la martre, le pékan, le castor etc… Mais, diable de diable, le temps avance, et voici, d’ailleurs, ma chaloupe. M. Vigneau, je dois vous quitter, prenez courage, d’autres beaux jours viendront, sans doute, sinon pour nous du moins pour nos enfants… Je sais qu’il est inutile de vous inviter à venir me voir sur mon île… Vous ne voyagez plus guère, hein, vieux casanier ? Votre Pointe, d’abord, puis le souvenir de l’Île-aux-Perroquets, voilà qui suffit maintenant à remplir votre vie. Vous faites bien, mon vieil ami, et comme je