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en plus rares. Hier, il a fallu prohiber la chasse au castor pour assurer la survivance de cet intéressant animal. Demain, ce sera peut-être le tour de la marte dont le nombre diminue d’année en année. Et qui sait ? Le rat musqué lui-même, tout prolifique qu’il soit, requerra peut-être un jour une mesure plus efficace de protection tant il a cessé d’être abondant. Certes, il ne faut pas être indûment pessimiste. On a observé depuis longtemps, chez les animaux à fourrure, des cycles d’abondance et de rareté. Nous sommes actuellement — du moins souhaitons-le — dans la période des sept vaches maigres. Au surplus, quelques années d’une protection efficace, et acceptée de bon gré par la population, contribueraient sans doute à rétablir une situation de plus en plus compromise. Nous serons bien en retard pour mettre en pratique les conseils que nous donnaient Puyjalon, il y a un demi-siècle, mais il en est encore temps. Il ne suffit que d’aider la nature au lieu de la contrarier dans son inlassable effort de création. C’est à ce prix, et à ce prix seulement, que nous sauverons une partie importante de notre héritage. Quand on songe à l’importance de plus en plus considérable que la faune prend dans l’industrie du tourisme moderne, l’on ne peut s’empêcher de regretter que la voix du grand solitaire de l’Île à la Chasse n’ait pas eu d’écho sur les hauteurs du Cap Diamant.

Louis-Arthur RICHARD,
De la Société Zoologique de Québec.