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Enfin, pour témoigner de ma plus entière bonne foi, j’ajouterai que la situation des oiseaux migrateurs n’a cessé de s’améliorer, d’une façon générale, depuis l’adoption d’une convention entre le Canada et les États-Unis.

Un certain nombre de ces oiseaux sont plus nombreux aujourd’hui qu’ils ne l’étaient lorsque, il y a cent ans, Audubon faisait son voyage d’exploration au Labrador. D’autres oiseaux sont moins nombreux, mais c’est plutôt la conséquence de causes naturelles que de chasses abusives.

Au temps de Puyjalon, le Labrador Canadien était très riche en animaux à fourrure et, à cause de leur qualité, ces fourrures faisaient prime sur tous les marchés du monde. J’ai déjà eu le plaisir de consulter un rapport fort détaillé de Puyjalon sur la quantité des animaux à fourrure dont il avait observé l’existence le long des rivières qu’il avait explorées. Aujourd’hui, cette région est pauvre, si pauvre même que nombre de trappeurs se sont découragés et n’osent plus retourner en forêt. Les Indiens, si habiles trappeurs soient-ils, gagnent lamentablement leur existence. Des trappeurs sans expérience, comme les malheureux frères Collin, n’y trouvent que la mort, après de longues privations. Et c’est le même spectacle partout ailleurs dans les Laurentides, à quelque latitude que ce soit. Tous les missionnaires sont unanimes sur la détresse des Indiens qui s’obstinent à vivre du produit de la chasse. Non seulement le prix de la fourrure a-t-il fléchi par suite de la crise, mais la plupart des animaux dont la fourrure était tout spécialement appréciée sont de plus