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Puyjalon

jalon, comme le pêcheur trouvera combien d’œufs une femelle de homard peut déposer à l’époque de la ponte de ces crustacés, et de quelles mœurs jouissent les lièvres et les goélands. Récits, manuels, rapports d’Henry de Puyjalon forment donc comme une précieuse encyclopédie labradorienne. Cela vaut vraiment qu’on en parle un peu et qu’on connaisse son auteur…

Voilà donc deux immenses parties du pays qui, de par les lois naturelles, eussent dû être liées entre elles et appartenir à la province de Québec, comme l’Ungava. Quel immense et riche pays ! Et, pour ce pays-là, Henry de Puyjalon, l’« Homme du Labrador », comme l’appelait l’abbé Huard, fit de beaux rêves.

Un jour, il parcourait dans son canot le littoral du Labrador canadien, et tout en pagayant, avec le soleil d’aplomb sur la tête, il pensait aux richesses géologiques que contenaient peut-être les rochers que frôlait son embarcation. Il raconte :

« En voyant ces granits, ces gneiss, ces micaschistes, en arrêtant mes yeux sur les trapps, sur les expansions porphyriques qui les recouvraient, en admirant les reflets soyeux et irisés des cristaux qui tapissent les anorthosites labradoriennes, je ne pouvais m’empêcher de penser aux minéraux précieux que ces formations recèlent toujours ».

Et il songeait aux explorateurs plus heureux que lui, et plus riches, à qui l’avenir assurait peut-être ces richesses en puissance. Le soleil baissait et le soir vint. Il pénétra dans une baie, échoua son canot, dressa sa tente, et s’installa pour la nuit. Plongé dans une douce