Page:Potvin - Puyjalon, le solitaire de l'Île-à-la-Chasse, 1938.djvu/151

Cette page a été validée par deux contributeurs.
148
Puyjalon

leusement servi la géographie, non seulement celle de ces presque légendaires régions polaires, mais toutes les contrées du globe dont les cartographes n’ont pas encore fixé l’unité géographique ou, si l’on aime mieux, l’« individu géographique ». Malheureusement la science de la géographie est restée encore trop ignorée, malgré que toutes ces investigations aient avancé nos connaissances de quelques régions de la terre, et il se trouve que le relevé des cartes du monde, devenu pour les géographes une honnête occupation, a indiqué dans les esprits scientifiques l’ignorance géographique de toujours, oserions-nous dire.

Notre province a eu, comme tant d’autres pays, son petit problème de géographie, mais, hélas ! il nous a laissés passablement indifférents. On ne nous l’a pas même laissé soupçonner à l’école, à la grande comme à la petite. Nous sommes entrés, pour ainsi dire, dans le monde sans qu’on nous ait jamais dit un mot de cette « Question du Labrador » que débattaient nos gouvernements et qui a mis dans tous les états les juges des plus hauts tribunaux de l’empire. Les professeurs, qui avaient d’autres chats à fouetter à part les cancres, n’avaient cure de ces vastes espaces, d’une richesse inouïe, qui s’étendent entre le 66e méridien, l’océan, la Baie d’Ungava, le Golfe Saint-Laurent et le Détroit de Belle-Isle, et dont on nous dépossédait tout simplement en vertu d’une « supposed boundary » dont on s’explique encore difficilement les motifs déterminants.

Et aujourd’hui encore, malgré le fameux « règlement », que connaît-on de cette « Question du La-