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était autrefois très renommé pour le nombre de ses caribous, de ses orignaux et de ses chevreuils. Il faut lire les souvenirs de Sir James Lemoine pour s’en convaincre. Or, aujourd’hui, depuis les limites de l’Ontario jusqu’à Rimouski et, peut-être, jusqu’à la Gaspésie, il n’y a plus un seul caribou ni un seul orignal. On les a tués jusqu’au dernier, souvent sans besoin et plus souvent encore sans plaisir. Quelques braconniers, toujours les mêmes, ont vidé nos forêts de ce qui en faisait le charme. Ils ont appauvri notre héritage commun. Et la majorité, composée de gens très soucieux des lois, applaudissait à leurs exploits ! Ni le caribou ni l’orignal ne reviendront jamais dans le Sud du Saint-Laurent. La perte est irréparable. Mais, heureusement, il y reste encore du chevreuil et, si l’expérience du passé peut servir à quelque chose, espérons qu’il sera suffisamment protégé pour que sa survivance ne soit jamais douteuse.

Pour que l’on n’aille pas supposer que je suis un affreux broyeur de noir, il me fait plaisir d’ajouter que la situation des mammifères, grands et petits, est des plus satisfaisantes dans la Péninsule de la Gaspésie. Les orignaux, les caribous et les chevreuils y sont nombreux et y sont particulièrement bien protégés, grâce aux accidents géographiques de cette contrée.

Je tiens également à ajouter que si le wapiti est complètement disparu et si le caribou est devenu de plus en plus rare dans les Laurentides, l’orignal est encore assez commun dans la région de Québec et que le chevreuil résiste bien dans l’ouest de la province.