constitue une étape solennelle, un lieu où s’opère l’analyse des faits et se prépare la synthèse des conceptions. Avant le laboratoire, après le laboratoire, il y a l’investigation libre, cette chasse hasardeuse, aventureuse à la poursuite de données inconnues, de formes méconnues du monde vivant, à quoi peuvent participer des cerveaux inconnus ou méconnus. Et puis, une certaine effervescence spirituelle peut conditionner cette participation. Il faut entretenir cette effervescence, et c’est ce à quoi semble s’être appliqué Henry de Puyjalon. Ses ouvrages et ses rapports restituent, oserions-nous dire, aux sciences naturelles cet appoint d’attention plus que jamais nécessaire au renouvellement de nos relations avec la nature. Il y a à ce sujet une maxime de Goethe qui a la splendeur d’un définitif avertissement ; « Grises sont les théories, mon ami, mais le bel arbre de la vie est toujours vert ».
Henry de Puyjalon aimait cet arbre toujours vert de la vie ; il l’a aimé dans toutes les saisons, même les plus rudes. Il écrit :
« Depuis bientôt vingt ans que je le décris — le Labrador, — que je l’exalte, que je l’aime, je n’ai fait encore qu’un seul prosélyte.
« Tous les étés le retrouvent sur la côte et s’il n’y a pas encore affronté l’hiver, c’est qu’il ignore les joies nombreuses qui naissent sous les flocons de neige de cette saison privilégiée… S’il connaissait comme moi les délices du « jack », les entraînements de la chasse à la pelleterie, les inimitables aspects des aurores polaires, les hécatombes de perdrix blanches à la chair savoureuse, les nuits aux étranges clartés, il ne voudrait plus quitter des lieux si attachants où le pittoresque de la