Page:Potvin - Puyjalon, le solitaire de l'Île-à-la-Chasse, 1938.djvu/131

Cette page a été validée par deux contributeurs.
128
Puyjalon

de Puyjalon sur ce sujet, lui qui a élevé ses castors comme des enfants.[1]

Si Henry de Puyjalon déclarait n’être pas naturaliste, c’est qu’il n’avait pas appris les sciences naturelles dans les manuels. Il les avait acquises d’une source beaucoup plus pure : du grand livre de la Nature. Nul plus que lui ne prit soin de recueillir autour de soi la leçon des choses et des êtres. Il y ajouta la vérification expérimentale. Et ainsi, il n’est pas seulement naturaliste savant ; il se fait conteur et conteur souriant. Il aime à badiner avec nos « frères inférieurs ». Qu’on lise à ce sujet, par exemple, les délicieuses esquisses qu’il a faites du lièvre « dont les mœurs domestiques sont détestables », du loup marin, d’esprit ou de roche, brasseur ou « brasseux », « poil de cochon », « grosse poche », « pattes carrées », et « tête de cheval », aux goélands qui sont « des bandits de la pire espèce », au canard eider « le plus intéressant, le plus précieux de tous les oiseaux nageurs », à la bête puante, ou mouffette, « dont les mœurs laissent à désirer », au loup cervier que la Nature a privé, comme l’ours et le lièvre, de cet « organe que je me permettrai de qualifier de « surérogatoire » et qu’on appelle « la queue », à l’outarde, l’un des exemples les plus frappants de cette agglomération chez les oiseaux de toutes les vertus qui nous manquent », etc., etc.

Dans toutes ces esquisses, Henry de Puyjalon se montre non seulement observateur mais poète et savant. C’est qu’il sait lire dans ce grand livre dont les

  1. Grey Owl est mort, comme l’annonçaient dernièrement les journaux le 13 avril dernier — 1938.