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Puyjalon

détruisaient radicalement le hareng et la morue. David Têtu partit avec tout un matériel qu’il évaluait à 10,000 $.

Deux tentatives qu’il fit et qu’il espérait mener à succès échouèrent malheureusement. Dans la première, un banc entier de marsouins au nombre de plus de 2,000 allait foncer dans ses filets quand les habitants du village où il opérait, Carleton, sortant de l’église, — c’était un dimanche, — ayant aperçu l’immense banc de marsouins, se ruèrent en criant sur le rivage. Les animaux, effrayés par ce tintamarre, dévièrent de leur course et évitèrent ainsi les filets. Têtu changea de place et un autre jour, il avait réussi à cerner un autre immense banc de marsouins dans ses filets, quand ceux-ci se brisèrent et toute la bande s’égailla vers le large. Mais ces tentatives de David Têtu eurent l’effet d’effrayer les marsouins de la Baie des Chaleurs qui prirent la direction nord de la côte gaspésienne et les pêcheurs de la Baie en furent totalement débarrassés. « Le marsouin est très observateur », disait David Têtu. « Il faut ruser avec lui ».

En 1849, David Têtu débarrassa des marsouins la partie de la côte entre le Saguenay et la Rivière des Escoumins. C’est là, raconte-t-il, qu’il constata dans ces parages la présence des requins dont il entreprit la chasse et aussi l’étude. Il disait à ce sujet à son ami Faucher de Saint-Maurice : « Depuis 1849, je me suis occupé du requin et je suis à même de constater qu’il y en a une quantité illimitée dans la rivière et le Golfe Saint-Laurent. Depuis trente ans que je fais la pêche, j’ai constaté d’ailleurs que des requins, il y en a partout