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Puyjalon

« Les « planteurs » de la côte ont renoncé à le poursuivre et on ne voit plus leurs embarcations légères armées de longues lignes flottantes, « maquereller », les jours de calme, et parcourir en tous sens la surface des eaux à peine ridées par les brises chaudes de l’été.

«  est-il allé ?… Qui nous ramènera ce poisson idéal qui fait encore soupirer toutes mes gourmandises ?

« Qui nous ramènera le maquereau ?

« Hélas ! mes regrets sont superflus. »

Les goélettes américaines, en effet, bien gréées, munies de tous les engins modernes les plus efficacement destructifs, dirions-nous, voguant en toute liberté sur nos eaux, ont chassé le maquereau, comme elles ont chassé le thon qui abondait également, autrefois, dans nos parages, et qui a totalement disparu ; comme, naguère, elles ont chassé même la morue et le hareng des endroits, du moins, où les pêcheurs de la côte, avec leurs modestes barques, pouvaient capturer ces poissons. Tous ces animaux, le maquereau, le thon, la morue, même le hareng en grande partie, même le morse, le loup-marin, la baleine ont fui des eaux devenues pour eux inhospitalières où ils étaient pourchassés sans merci, sans trêve, et nous dirions, sans profit souvent, car, sur leurs rapides goélettes, les pêcheurs américains, qui les capturaient dans leurs « trap-nets », les jetaient au « plain » ou les donnaient souvent à qui les voulait.

Ces goélettes américaines, ou encore des provinces maritimes, et les meurtriers « trap-nets », voilà les deux plaies qu’Henry de Puyjalon a surtout dénoncées. Ce sont elles qui ont fait perdre à notre Labrador Cana-