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Peter McLeod

cette cahutte des factoreries semées ici et là dans les « terres du silence » et où l’on a amassé, au cours des années, des légendes et des contes fantastiques, avec des noms clairs et doux sonnant une note d’aventure. À Métabetchouan, on pouvait difficilement remonter dans le passé et imaginer ces fantastiques récits qui nous placent en présence du « Noble homme Rouge qui a disparu ». On y parlait rarement des Mokis, des Cheyennes, des Sioux et des Abénakis. On pouvait y voir seulement le sauvage placide et prosaïque du Nord dans sa saleté et dans ses vices, dans sa paresse, avec ses chapeaux et ses pots de fer blanc…

Deux représentants de cette race précisément étaient là, assis sur des bouts de tronc d’arbre, dans l’intérieur de la cahutte, quand Peter McLeod et son ami entrèrent. Les deux sauvages regardèrent à peine les étrangers. Sans doute, il n’y avait pas pour eux de profit à tirer de ces personnes. Ils avaient des visages durs aux traits accentués et, de leurs gros yeux lourds et indolents, ils regardaient le commis du poste qui pesait du tabac sur une romaine accrochée au plafond. Le commis mit bien cinq longues minutes à cette opération, puis il jeta le paquet à l’un des sauvages. Après quoi, il daigna tourner ses regards du côté des étrangers. Ils achevaient d’enlever de leurs capots de fourrure la neige qui s’y était collée. Il dit simplement : « Bonjour ». Puis, il alluma une courte pipe de merisier. Enfin, tirant par coups des bouffées de fumée, il considéra longuement les nouveaux arrivants, comme cherchant à se faire une opinion sur eux avant de parler. Mais, rien d’hostile dans ce silence.