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Peter McLeod

sit à ouvrir la porte, afin de profiter de cet abri pour prendre un repos mérité. En effet, la nuit était venue. Il y avait dans le camp, à part quelques vieux bancs de bois brut, une sorte de fourneau hollandais dans lequel on fit avec joie un feu nourri de branches sèches. À l’aube, on se remit en marche.

À partir de là… plus d’indices d’humanité. Quelques piquets, ici et là, qui devaient servir de base plus tard à des plans cadastraux. De temps à autres, une piste indienne. La marche n’était plus drôle : du bois épais et touffu, des crans et d’énormes rocailles qu’il fallait escalader quand les rapides de la rivière où il n’y avait pas de glace forçaient les marcheurs à portager… Ils traversaient quand même un beau pays, solennel et imposant, comme drapé dans une hautaine dignité… N’importe, quelle marche !

Nos voyageurs étaient donc exténués quand, au lent crépuscule du nord montant de l’est, comme un grand nuage gris, ils aperçurent l’immense nappe blanche de l’ancien Peokwagamy du Père DeQuen. À la sortie de la Belle-Rivière qui se jette dans le lac, ils avaient encore deux milles pour se rendre vers l’ouest, au poste de Métabetchouan. Ils durent faire un effort pour franchir cette distance.

Enfin, voici la Pointe de Métabetchouan avec, sur son plateau, le « Poste ». C’est une cahutte de rondins mais dont l’aspect rappelle tout de même le style classique des postes de l’« honorable Compagnie » : une toiture en pente rapide, plus grande devant que derrière, abritant un simulacre de vérandah enfoncée. Mais, il y avait beaucoup de choses qui éloignaient