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Peter McLeod


— VIII —


La porte s’ouvrit, avala l’odeur de la cuisine qui emplissait la pièce et jeta en échange un opaque nuage de buée blanche. Enfin, elle laissa passer Jean Gauthier qui la referma vite en criant :

« He ! là, Mary !… la messe est finie. Tout est prêt, je suppose !…

La grande pièce qui servait de réfectoire aux hommes qui logeaient à la « Maison du Moulin » était silencieuse et sombre. Les tables étaient mises et les couverts d’étain et de faïence bleue faisaient des taches sur la nappe de toile écrue. Des « rats » de fonte huileuse, accrochés aux murs, jetaient autour d’eux une lueur graisseuse. L’œil du gros poêle de fer faisait au plafond une tache rouge qui s’avivait quand des braises traversaient l’ovale clignotant du feu.

« Mary… Mary… où es-tu ? La messe est finie, tu sais : ils s’en viennent, là !…

Jean Gauthier passa dans la cuisine plus sombre encore. Un ragoût mijotait dans le fourneau. Une odeur de lièvre en sauce était partout répandue, se mêlant à celle du graillon de croquignoles frais. Un gros chat gris sortit d’en dessous du poêle, s’étira, fit le rond-dos et ronronna à la manière d’une horloge