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Peter McLeod

scènes ; des chicanes à tout casser, des batailles en règle, des orgies, des duels même…

— Ah ! Ah !… interrompit Fred Dufour, des duels, père McLaren, vous voulez dire des prises de corps, des colletages…

— Des duels en règle, je vous dis, mais pas avec des épées ou des pistolets, comme on lit dans les romans ;… avec des couteaux, mes vieux, à la façon des sauvages. C’était terrible. Et tenez, à propos de Tommy Smith, le premier duel que j’ai vu c’est justement Tommy Smith qui se battait avec un chef montagnais.

— Ah !… contez-nous ça, père McLaren, firent tous les hommes du campe.

— Tommy Smith était alors un jeune homme de pas plus de vingt ans. Il avait une bonne position dans le poste. C’était un batailleur, un sacreur dépareillé qui avait peur de rien et qui se battait continuellement avec les sauvages surtout. On l’avait engagé quasiment rien que pour ça. Ah ! le démon, je vous assure qu’il a pas changé ! Il doit bien avoir aujourd’hui quarante-cinq ans passés, et vous voyez c’qu’il fait ?…

« Toujours est-il qu’un bon jour, un sauvage était venu offrir à Tommy Smith qui était commis au magasin une belle peau d’ours pour laquelle il demandait quelques verges de flanelle rouge. Tommy Smith prit la peau et donna au sauvage juste une verge de flanelle. Le sauvage protesta comme vous pouvez croire, mais Tommy l’envoya au diable sans plus de cérémonie. Mais voilà que tout à coup un chef du nom de Manish s’approcha du commis et le traita de vo-