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Peter McLeod

fiantes avaient provoqué un instant de silence dans la maison. On entendait le bois sec et les écorces de bouleau crépiter dans le poêle.

Puis voici que retentit la voix sonore de Peter McLeod :

« J’te crois, moi, Toine du diable,… y a des choses encore plus surprenantes aujourd’hui !…

Mais un homme entra en coup de vent dans la maison, ce qui détourna subitement la conversation. C’était un homme « de la maison du moulin ». Il avait l’air consterné.

« Arais-tu rencontré un fantôme, Ti-Louis Desbiens ? demanda Joe Morin.

— Non, mais i vient d’venir au magasin un colon qu’arrive dret d’là Baie et qu’a annoncé, comme ça, que l’père qui d’vait venir icitte pour la Minuite peut pas v’nir à cause d’là dernière tempête de neige… et qui ont pas d’chiens là-bas… C’est comme ça !…

À cette nouvelle inattendue, un voile de tristesse plana dans la salle de Jean Gauthier. Tous ces hommes se mirent à exprimer dans leur rude langage la désillusion qu’ils ressentaient…

La Noël serait donc triste. Pas de messe de minuit et à quoi bon le réveillon ? Un soir comme tous les autres soirs, quoi ! La rentrée de bonne heure au “bunk room”, le sommeil tardif coupé de ronflements sonores et peuplé de rêves fatigants, cette nuit probablement plus joyeux, parce que la réalité serait plus triste. On s’était pourtant bien préparé.

Et de nouveau, on entendit la voix de Peter McLeod toujours empressé auprès de Mary Gauthier qui