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Peter McLeod

rie de Mary Gauthier qui avait, pendant tout le jour, dirigé ces travaux d’ornementation. Partout ailleurs, dans le « grand campe », dans les maisons des employés, on avait rivalisé dans les apprêts du réveillon et des décorations. L’unique rue du village avait été balisée d’arbustes jusqu’à l’entrée de la chapelle. De petits sapins ornaient toutes les portes.

Le soir, après le travail supplémentaire, les principaux employés de la scierie s’étaient réunis chez Jean Gauthier. Ils se reposaient, fumaient et jasaient. Peter McLeod était de la partie, surveillant de l’œil Mary Gauthier occupée aux préparatifs du réveillon : croquignoles, beignets et pâtés qui embaumaient la maison de leur appétissante odeur. Le “boss” ne dédaignait pas, souvent, de se lever pour aider la jeune fille toute à sa besogne.

« Tas de lâches ! » lançait-il parfois à l’adresse des hommes, « vous êtes pas même capable de chauffer ce poêle-là !…

Et Peter McLeod allait lui-même chercher dehors des brassées de petites bûches de bouleau et de sapin dont il bourrait le gros poêle de fonte.

« Vous aimez mieux vous conter des sornettes, hein, vous aut’s » ajoutait-il en embrassant d’un coup d’œil circulaire le groupe des fumeurs qui devisaient placidement…

Il y avait parmi eux Tom Grosleau et Joe Morin qui n’avaient de leur vie quitté les forêts. Tous deux avaient roulé leur bosse dans tous les chantiers du Haut et du Bas Canada ; ils avaient bûché dans toutes les forêts de l’Amérique. Ils s’étaient mis à raconter