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Peter McLeod

— Ces bandits sont-ils dans les parages depuis longtemps ? demanda Fred Dufour.

— Depuis pas moins de trois semaines, répondit le contremaître. Ils sont campés quelque part au Petit-Saguenay, nous a dit, l’autre jour, un sauvage qui est passé par ici. Il leur avait échangé de la farine pour trois peaux de renard.

— Oui, c’est comme ça qu’ils alimentent le poste de l’Ashuapmouchouan, au Lac Saint-Jean : un poste de chenapans qui ne nous laisseront pas tranquilles tant qu’on en aura pas débarrassé le Saguenay.

On causa ainsi et l’on fuma une bonne partie de la soirée. La nuit était d’un froid pénétrant. Le vent avait cessé de jouer sa formidable guitare dans les cimes dénudées des pins. Avec Fred Dufour, huit hommes se trouvaient dans la cabane. C’étaient de rudes hommes taillés tout exprès pour la vie qu’ils étaient appelés à mener. La nuit se passa dans le plus grand calme.

Cependant à la fine pointe de l’aube, un ploc-ploc assourdi se fit entendre, au dehors, tout près de la cabane. Un des hommes qui venait de s’éveiller courut à la porte et il vit au bout de la clairière, une forme noire disparaître dans le bois de toute la vitesse de ses raquettes…

Et à l’instant où il ouvrait la porte, un papier, qui était à demi fiché dans une annelure de la clanche de bois, tomba sur le parquet…