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Peter McLeod

décida à passer la nuit dans un petit bois de pins qui lui offrait un confortable abri contre la tourmente qui menaçait. En peu de temps, il se construisit une hutte de branchages. Il se fit un lit d’odorants rameaux de sapin sur lequel, après avoir englouti une volumineuse portion de bœuf fumé arrosé d’une pleine petite chaudière de thé noir, il s’étendit non sans volupté ainsi que Pitro, lui aussi abondamment lesté, et couché à ses côtés. On dit que ça réchauffe, les bêtes.

La nuit se passa sans incident excepté qu’au milieu, Fred Dufour fut réveillé par les sifflements du vent qui passait à la cime des grands pins qui abritaient sa cabane.

« Blasphème !… murmura-t-il, la poudrerie, ça va être beau ! »

Au petit matin, quand il reprit sa marche, il ne mit pas de temps à s’apercevoir que la poudrerie avait effacé ses traces. De monstrueux bancs de neige s’étaient accumulés tout autour de son abri. Des arbres étaient renversés qu’il lui fallut contourner quand il ne pouvait pas passer par-dessus ou en dessous. La marche était plus lente, même très difficile.

Aussi, ce n’est que le soir du deuxième jour que Fred Dufour arriva en vue du « campe » de l’Anse-au-Cheval. La nuit était tombée quand il y arriva et la nappe blanche n’était éclairée que par la réverbération des étoiles qui luisaient par myriades dans le ciel glacé. Le « campe », tache noire dans la clairière blanche, semblait mort sous sa charge de neige. Mais avec de la bonne volonté Fred Dufour s’en approcha et poussa