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Peter McLeod

chus, comme partout ailleurs, ce que nul encore n’avait tenté. Là aussi il se plaisait à frôler la mort à chaque instant. Il se laissait aller à l’ivrognerie en se pénétrant bien de cette conception qu’il « arriverait » en s’adonnant aux pires beuveries et, par une série de degrés que seule pouvait supporter une constitution de fer, en atteignant le complet abrutissement, l’inconscience du pourceau, avec la détermination de savoir si c’est lui ou le whisky qui l’emportera à la fin. Il comprenait depuis longtemps que l’alcool était son plus mortel ennemi, et c’est pourquoi il se plaisait à colleter continuellement avec lui. S’il prévoyait, dans ses quelques heures lucides que son ennemi finirait par le tuer, il voulait lui démontrer combien il lui faudrait de ressources pour terrasser un humain comme lui. Aussi, prenait-il des coups à tuer un bœuf. Encore une fois, un drôle d’homme !

N’importe, pour résumer en un mot, une brute, mais vivant au milieu de combien d’autres aussi brutes !… Quelle vie alors dans ce coin lointain du Saguenay !… Pittoresque tout de même, et si humaine. Ici, pas de tricherie possible. Aucun moyen de fuir de cette prison de la vie ! Tout alors, dans ce petit trou perdu au grand nord se passait dans un monde où les problèmes ne sont jamais simples, sans doute, — on croit trop, en littérature surtout, que la complexité est l’effet de la seule intelligence dialectique : le cœur n’est pas moins démoniaque, — mais sont toujours essentiels et vrais. Un monde rien qu’humain, sans recours et démunis d’idées. Dénués de tous les moyens d’évasion, les hommes ne trouvent de ressources qu’en