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Peter McLeod

reux clairons d’une aurore boréale par une nuit sans lune… Un drôle d’homme !

Même problème trigonométrique du côté racial. Était-il Écossais, Irlandais, Anglais, Allemand, Russe, Français ? Il semblait avoir du sang de toutes ces races comme de toutes les bêtes. Pratique comme un Anglais, il avait la légèreté du Latin et la férocité de l’Allemand s’alliant chez lui à l’astuce du Juif. L’argent pour lui avait la valeur que lui donnait l’Écossais et les théories les plus subversives du Russe trouvaient prenant chez lui comme les qualités les plus chauvines de l’Irlandais… Peter McLeod brutalisait un homme pour le moindre anicroche et recueillait avec componction un pauvre petit oiseau blessé que son pied allait écraser sur le chemin. Il refusait à un employé de lui payer ses gages sous le plus futile prétexte, et sa bourse était largement ouverte à tous, même à celui à qui il venait de refuser son juste salaire. Puisait qui voulait dans son escarcelle… Il pleurait devant une infortune, devant une mendiante qui lui tendait la main, devant un enfant qui lui ouvrait ses petits bras, devant un animal que l’on avait injustement maltraité. Un jour, un charretier ayant, devant lui, fouetté son cheval sans raison, il s’empara facilement du fouet de cet homme et le fouetta jusqu’à ce que ce dernier hurlât de douleur…

Car une chose que Peter McLeod ne pardonnait pas, c’était que l’on maltraitât un faible ou un être, quel qu’il fut, sans défense. De ce côté, pas de quartiers !… Sa franchise était d’une brutalité sans nom. Pour un rien, par plaisir, il insultait un homme, l’hu-