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Peter McLeod

cœur, pour faire valoir leurs prétentions de mâle. C’était une fille de tout repos, selon la signification qu’on pouvait donner au mot alors. Sans rien de l’hommasse, elle adorait la vie au grand air, les longues courses en raquettes sur la neige. Elle tirait du fusil comme un trappeur, savait monter à cheval et pouvait au besoin mener comme un indien, un attelage de chiens : une manière d’amazone nordique. Elle donnait aux hommes de rudes poignées de mains, avait le verbe haut, riait sans cesse de tous et de tout. Elle avait une joyeuse figure toute rose, d’un éclat d’églantine en fleurs, où luisaient de grands yeux innocents. Elle n’était point bégueule, buvant sec son coup de whisky blanc quand on le lui offrait, mais sans jamais s’enivrer. Toujours de plaisante humeur, riant à pleine gorge, elle traitait les hommes de grands idiots. Au demeurant, elle avait un cœur bien accroché et des muscles d’acier.

Ainsi, un sentimental se fut montré balourd devant Mary Gauthier. S’il avait voulu la prendre par la main, elle aurait vite fait un pas en arrière, et de partir, ensuite, d’un grand éclat de rire en le regardant avec de grands yeux limpides. Elle était pure comme de la neige qui vient de tomber. Les hommes des bois la regardaient comme un bon copain.

Fred Dufour semblait tout de même l’un des plus accrédités auprès de la belle Mary Gauthier. Au moins avait-il à son avantage l’occasion d’aller passer très souvent des soirées entières chez la jeune fille vu qu’il avait à consulter, en toute occasion, son père dont il était l’assistant dans la direction de la scierie.