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Peter McLeod

Moulin où les sauvages étaient campés depuis quelques jours. Durant la journée, les Montagnais avaient reçu la visite du Père Honorât qui avait profité de leur rassemblement pour leur faire la mission. Une espèce de retraite… ouverte, en plein air. La vraie, la belle prédication se fait surtout sous le ciel, au grand air, sous le vent qui la développe, la porte au loin par-dessus les forêts, dans les plaines où elle germera…

Tard le soir, le Père Honorât, qui disait son bréviaire sous une cabane d’écorce, fut averti par une vieille femme que Peter McLeod était enfermé sous une tente avec une sauvagesse. Sans hésiter, le missionnaire se rendit à l’endroit indiqué. On entendait sous la tente d’hystériques éclats de rire féminin et la voix avinée du boss.

« Peter McLeod », cria d’une voix indignée le Père Honorât, à la porte de la tente, « c’est mal ce que tu fais là… ce n’est pas honnête !… Pourquoi ne donnes-tu pas le bon exemple à ces pauvres gens ? Tu n’as pas le droit d’être là… Ne crains-tu pas d’attirer les malédictions du ciel sur tes frères… Peter McLeod, je t’adjure de sortir…

— Oui je sors, hurla Peter McLeod… furieux, sacrant à faire crouler le plafond de la nuit… mais c’est pour te sacrer une claque !…

— Frappe !… là… répondit le Père avec calme, offrant sa poitrine.

Peter McLeod hésita une seconde, puis il baissa la tête, fit deux pas en arrière et dit simplement :

« Je ne frapperai pas… Tu voudrais bien, hein ? que je reste, comme ça, un bras en l’air ?… »