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Peter McLeod

vos tripes, on va vous faire chanter le plus beau cantique que vous aurez jamais entendu dans l’église de votre village… Où est votre canot ?… Si vous ne le prenez pas, tout de suite, je vous garantis, mes anges, que vos cors ne vous feront plus mal demain matin…

Les hommes voulurent protester… firent mine de chercher une arme.

« Aimez-vous mieux que je vous rince les fesses dans l’eau ?… C’est comme vous voudrez, allons !… vos clics et vos claques et… au canot, tas de salopards !… Vous irez dire à la Compagnie que Michel Simard n’a pas besoin de femme de chambre pour faire son ménage…

Sous l’œil narquois du boss et devant Michel Simard amusé, les quatre hommes procédèrent en un tournemain à l’empaquetage de leur baluchon, et, abandonnant tente et feu, gagnèrent leur canot caché derrière des touffes d’aulnes, au bord de l’eau. Bientôt, ils disparurent dans la nuit…

« Vous saluerez bien Béelzébuth, votre maître ! » leur cria Peter McLeod que Michel Simard entraîna vers son « bungalow » où tous deux s’ingurgitèrent, coup sur coup, trois tord-boyaux à faire chavirer un bœuf.

Quelques minutes après, Peter McLeod reprenait seul, dans son canot, la route de Chicoutimi. Une grande lune rouge mûrissait sur les montagnes ainsi qu’une belle citrouille…

Peter McLeod ne se rendit pas tout de suite à Chicoutimi. Il avait, ce soir, le cœur à la rigolade. Il échoua son canot à l’embouchure de la Rivière-du-